
En matière de fissures, il est fréquent que la cause d’apparition soit liée à un problème au niveau du sol. Il peut s’agir d’un tassement du terrain ou d’un mouvement différentiel par exemple. La construction devenue instable bouge en partie, alors que l’autre reste stable. Les tensions produites sur la structure du bâtiment donnent alors lieu à la formation de fissures. Un sachant en construction pourra facilement définir la cause des fissures en observant les effets visibles de ces dernières. Mais, pour être complet, le diagnostic doit aussi chercher à comprendre les origines de l’instabilité du sol, au regard de facteurs de prédisposition et de déclenchement.
Les facteurs aggravants des fissures des maisons
Lorsqu’on s’intéresse aux rapports d’expertise établis par différents experts (judiciaire, d’assurance, ou même encore de partie), on remarque que le terme “facteur aggravant” revient souvent. Ce terme cible un peu vite le phénomène d’argile gonflante, pour expliquer l’origine des fissures : le sol bouge sous l’effet de l’argile, qui se rétracte en période de sécheresse (retrait) et gagne en volume en période humide (gonflement). Cet aléa peut à son tour s’expliquer par des venues d’eau souterraine (fuite de canalisation, absence d’un dispositif de drainage, par exemple). Il peut également être influencé par la présence de végétation à proximité de l’ouvrage fissuré (effet des racines sur le sol). Il paraît donc important de préciser les facteurs de prédisposition du déclenchement de la variation de teneur en eau dans le sol.
Les facteurs de prédisposition des fissures intrinsèques au sol
Les facteurs de prédisposition sont de nature à provoquer une instabilité du sol, comme le retrait-gonflement des argiles par exemple. Toutefois, ils ne sont pas suffisants pour déclencher ce phénomène. Par facteurs de prédisposition, on entend facteurs internes, c’est à dire ceux qui sont liés à la nature intrinsèque des sols. Les facteurs environnementaux étant en relation avec le sol, ils sont également considérés comme des facteurs de prédisposition. Ces derniers définissent la sensibilité du milieu aux mouvements différentiels et conditionnent sa répartition spatiale. En voici quelques exemples :
- les formations géologiques renfermant des minéraux argileux en quantité importante et dont le volume est susceptible de varier selon sa teneur en eau ;
- l’hétérogénéité de constitution du sous-sol alternant, par exemple, entre niveaux argileux sensibles et niveaux plus grossiers favorables à la circulation d’eaux souterraines ;
- la présence d’une nappe phréatique ayant un effet sur les pressions interstitielles et augmentant les contraintes effectives du sol (tassement de surface) ;
- les plates-formes en déblais-remblais ;
- les sols remaniés à la suite d’opérations de dessouchage d’arbres à l’aide d’engins mécaniques puissants ;
- etc.
Les facteurs de prédisposition des fissures liés à la construction
Les malfaçons sont courantes dans le bâtiment. Or, la fragilité structurelle d’une maison, à cause de malfaçons ou de non-conformités techniques, constituent des facteurs de prédisposition aux mouvements différentiels. Il peut s’agir :
- de problèmes d’assemblage des éléments en béton armé de renfort des maçonneries ;
- d’une excentration de fondation, consécutive à un défaut d’implantation ;
- d’un défaut de compactage de la forme sous-dallage ;
- d’une anomalie de la géométrie générale de la maison, provoquant des charges et des niveaux d’assises différentiels (ce sera le cas, par exemple, d’une maison construite sur un sous-sol partiel ou encore avec un étage partiel) ;
- etc.
Les facteurs de déclenchement des fissures
Les facteurs de déclenchement sont ceux dont la présence provoque des mouvements de terrain. Ceux-ci peuvent ainsi déclencher le phénomène de retrait gonflement des argiles. Néanmoins, ils n’ont d’effet significatif que s’il existe des facteurs de prédisposition préalables. Les connaître est essentiel, afin de comprendre l’occurrence du phénomène, c’est à dire l’aléa (et plus seulement la sensibilité). Voici quelques exemples de facteurs de déclenchement des fissures, pouvant être climatiques ou anthropiques :
- des conditions climatiques exceptionnelles, comme par exemple la sécheresse de 2003 ;
- la construction d’un ouvrage faisant écran à la circulation d’eau naturelle à faible profondeur ;
- les aménagements extérieurs comme les trottoirs, terrasses, voiries, ou encore dispositifs de drainage, qui perturbent les écoulements d’eaux pluviales ;
- le talutage des terres amenant les eaux de ruissellement à proximité d’une maison ;
- les fuites accidentelles des regards d’eaux pluviales ou encore de canalisations enterrées ;
- la succion des racines et radicelles de la végétation situées dans la ZIG (Zone d’Influence Géotechnique) ;
- les pompages d’eaux dans une nappe proche d’une maison perturbant localement l’équilibre statique des terrains ;
- un sanglier qui fouine aux abords du terrain et de la construction (ou peut être pas !) ;
- etc.
L’expérience indispensable pour bien évaluer les risques
Si certains facteurs sont évidents, il est difficile de savoir avec certitude si d’autres facteurs ont déclenché ou aggravé les mouvements de sol et provoqué des fissures sur une maison. Ainsi, par exemple, il faudra supprimer la végétation (action de succion des racines) ou reprendre l’étanchéité du regard. Il convient d’attendre, afin de vérifier plus tard : si l’évolution des désordres a cessé, alors il s’agit de facteurs déclencheurs. Fort heureusement, l’expérience de certains professionnels et d’experts bâtiment, permet de distinguer les facteurs de prédisposition des facteurs de déclenchement. La genèse d’un désordre de type fissures est ainsi souvent la suivante : la teneur en eau dans le sol a été modifiée par l’environnement, ce qui provoque des mouvements de terrain. Les principaux facteurs de prédisposition concernent la portance et l’ancrage insuffisant de la maison, les terrains en pente et le dessouchage. S’agissant de la maison en soi, il peut y avoir un problème de structure ou sous-dallage. Quant à l’environnement, les problèmes peuvent être liés à la présence d’un remblai, la succion des racines des arbres, la mauvaise gestion et/ou évacuation des eaux pluviales, des regards d’eaux qui fuient, ou encore l’absence ou le dysfonctionnement du dispositif de drainage.