
Ceux qui me suivent depuis le début de l’aventure Conseil Construction savent que j’aborde régulièrement des sujets autour de la prévention et/ou du traitement de la fissuration dans le domaine du bâtiment. Principalement celui de la construction de maisons individuelles. Voir notre guide téléchargeable gratuitement ici.
Avec mon équipe, nous publions régulièrement les contenus suivants : fiches conseil, vidéos ou encore guides. Vous êtes de plus en plus nombreux à consulter ces contenus et nous vous remercions pour votre fidélité.
Aujourd’hui, nous avons relayé un fait divers spectaculaire d’un couple de propriétaire d’une maison entièrement fissurée et inhabitable. Le découvrir en cliquant-ici. Dans le domaine du bâtiment ce type de cas est heureusement rare. Mais, il illustre le fait que cela peut arriver à n’importe qui. La plupart du temps, les fissures paraissent anodines. C’est la raison pour laquelle seuls quelques propriétaires avertis se préoccupent des risques et envisagent, en bon père (ou mère) de famille, la réparation des désordres. L’occasion est venue pour Conseil Construction de rappeler quelques principes de base et surtout de faire la lumière sur des hoax et autres légendes urbaines sur la fissuration des maisons qui inondent Internet et les réseaux sociaux. A en devenir agaçant pour les experts et autres spécialistes. Le débat est ouvert.
Faux ! Les fissures fines sur un mur sont toujours non structurelles
Une fissure est structurelle dès lors qu’elle atteint des éléments porteurs de l’ouvrage. En d’autres termes, si elle affecte les murs d’une maison, il est vraisemblable qu’elle soit structurelle, sauf si bien sûr elle ne touche que son enduit (cas particulier du faïençage). Ainsi, ce n’est pas à la taille d’une fissure qu’on mesure son caractère structurel et même les risques. En effet, une fissure fine peut très bien être le résultat d’une fissure plus importante qui s’est refermée sous l’effet du poids du bâtiment ou d’un mouvement structurel. Attention donc aux idées reçues.
A découvrir : 5 problèmes courants (et graves) lorsque l’on ne se préoccupe pas des fissures
Il est normal qu’une maison se fissure. Faux et archi faux
Une maison normalement conçue doit résister aux tensions qui s’exercent sur sa structure. Il n’est donc pas normal qu’une maison finisse par se fissurer. La fissuration traduit généralement le résultat de tensions. L’ouvrage n’a pas pu résister aux contraintes et se fissure. Si l’origine de la fissuration est liée un phénomène de mouvement de terrain (comme dans près de 90 % des cas de fissuration) alors il est probable que le système de fondations n’ait pas été dimensionné correctement et/ou que les murs ne disposent pas suffisamment d’armatures (chaînages et raidisseurs) pour résister à ces contraintes. Cette absence de précaution peut donc constituer une malfaçon ou encore une prédisposition à la fissuration.
A lire : Est-ce normal que les maisons se fissurent ?
Hoax. Pour réparer une fissure sur une maison il suffit de refaire l’enduit avec un grillage
La rénovation d’une façade consistant à refaire un enduit “propre” est l’ultime étape de travaux de réparation des fissures. si le ravalement de la façade est envisagé – avec ou sans grillage d’ailleurs – sans que la cause des fissures ait été éradiquée alors il y a de fortes probabilités pour que les fissures réapparaissent. A partir du moment où la cause de la fissuration est encore active (on parle de fissure “vivantes”)
A consulter : La méthodologie de réparation des fissures sur une maison (vidéo)
Des fondations à 60 cm dans le sol sont largement suffisantes pour éviter les fissures. Encore un hoax
Les maisons sont la plupart du temps ancrées avec un système de fondation de type semelle filante à 40 cm de profondeur. Souvent lorsque le terrain est de mauvaise qualité et sujet à un risque de mouvement de sol (cas de certains sols argileux par exemple), 40 cm est une profondeur insuffisante pour résister aux contraintes du sol et éviter la fissuration. Une profondeur d’ancrage des fondations à 60 cm est certes une situation meilleure que les 40 cm initiaux. Mais cette profondeur est à considérer au regard d’une étude de sol avant construction. En effet, dans certains cas, des fondations superficielles ne suffisent pas. De fait, afin d’éviter tout tassement différentiel futur, il est préférable d’envisager en phase de conception et de réalisation de l’ouvrage, des fondations semi-profondes ou profondes parfois réalisées au moyen de micropieux.
Voir notre article : L’étude de sol pour les fondations comme étape importante avant construction
10000 € pour réparer une maison fissurée c’est déjà une belle somme. Légende urbaine
La majorité des maisons sont fissurées en raison d’un problème de sol. Il n’y a qu’à jeter un œil aux nombreux arrêtés de catastrophe naturelle pour mouvement de terrain, sécheresse et réhydratation des sols… pour se rendre compte que le phénomène est loin d’être marginal. Aussi, face à une fissuration consécutive à un mouvement différentiel, les travaux de réparation de l’ouvrage supposent une reprise en sous oeuvre. Soit par approfondissement de fondations avec puits et longrines de rigidification, soit par micropieux, soit par un procédé d’injection de résine expansive sous fondation. Toutes ces techniques ont un coût atteignant régulièrement plusieurs dizaines de milliers d’euros. 10000 euros est donc une somme importante en terme de budget pour un propriétaire sinistré, mais c’est une somme relativement faible au regard des travaux utiles et nécessaires à la réparation durable des fissures. D’autant plus, qu’après ces travaux, d’autres devront être envisagés pour le renforcement structurel de l’ouvrage bâti, ainsi que des travaux pour ré-enduisage de façade. Ces travaux ad hoc ont aussi un coût. Fort heureusement, des assurances existent pour financer ces dépenses.
Voir notre conseil : Les principales solutions de réparation des fissures liées à la sécheresse
Il n’y a aucun souci à vendre une maison fissurée. Notre dernière légende urbaine
La vente d’un bien avec défauts est toujours compliquée et source de souci pour le vendeur. Nous conseillons, ainsi, au vendeur d’une maison fissurée d’être transparent avec ce dernier pour éviter tout recours futur en vice caché. Mais la transparence a pour corollaire, soit de faire peur aux acquéreurs potentiels, soit de leur donner un levier pour que ces derniers négocient à la baisse le prix de vente. Et si l’idée vous en vient de vendre votre maison avec des fissures en les masquant ou sans éclairer précisément la situation au plan technique, alors vous risquez de prendre un sérieux risque et de vous rendre coupable vis-à-vis de l’acquéreur.
A lire : Vendre sa maison avec des fissures et sans le dire (vraiment déconseillé)
Votre maison est fissurée ? Il existe des solutions pour comprendre l’origine de la fissuration, poser le diagnostic et envisager les réparations. Par exemple, celle de l’expertise indépendante. Voir Expertise LAMY et PréJudix sur internet pour tout renseignement