
La compréhension d’un phénomène de fissuration est indispensable, afin de trouver les solutions durables de réparation des désordres. L’examen passe par 5 constats portant sur la structure de l’ouvrage, le terrain, l’environnement, les ouvrages annexes et les fissures elles-mêmes. Nous allons tout d’abord nous intéresser au premier constat, à savoir la structure et plus précisément aux fondations, plancher bas du rez-de-chaussée, barrières de capillarité, superstructure et conception générale du bien.
La nature des fondations et des ferraillages
Les semelles de fondations jouent un rôle pour amortir les mouvements différentiels des angles. La parfaite réalisation des fondations est ainsi essentielle pour prévenir l’apparition de fissures sur une maison. Il est toutefois important qu’il existe un lien mécanique entre les ouvrages de béton armé, mais aussi que le ferraillage des semelles de fondations et des poteaux soit de bonne qualité. Exemples de liaisons à surveiller : semelles-semelle dans les angles, semelles de fondations-chaînage vertical, angles des chaînages horizontaux.
L’ancrage des fondations
Selon la nature du sol et ses contraintes (aléas argiles gonflantes par exemple), une construction devra être établie à la profondeur adéquate. Il est recommandé, pour protéger une maison du risque RGA (retrait gonflement des argiles), d’enfouir les semelles de fondations à une profondeur qu’il convient de déterminer en fonction de l’étude géotechnique, indiquant l’altitude exacte du sol dur, au-dessous des couches argileuses. Dans d’autres situations (terrain en pente, sous-sol partiel, etc.), l’ancrage des fondations de la maison doit être pensé de sorte à prévoir un report optimal des charges de l’ouvrage.
Les caractéristiques du plancher bas en rez-de-chaussée
Le plancher bas en rez-de-chaussée peut être un dallage sur terre-plein, un plancher en poutrelle-hourdis sur vide sanitaire, ou encore une dalle pleine avec deux nappes en treillis soudés. Selon la nature et les caractéristiques de ce plancher, la maison sera plus ou moins sensible aux mouvements du sol. Ainsi, un plancher inférieur sur vide sanitaire permet de diminuer le risque de fissures liées aux tassements différentiels et donc, convient mieux pour les constructions assises sur un terrain argileux.
Les barrières de capillarité
Les semelles de fondations et le plancher bas en rez-de-chaussée reposent parfois sur des terrains humidifiés (proximité avec une nappe phréatique). La capillarité des composants de la construction, sous l’action des tensions superficielles et des pressions, fait remonter l’eau dans les parois (on parle alors de remontées capillaires) jusqu’au niveau des espaces habitables. La barrière capillaire est un dispositif visant à protéger les maçonneries et équipements de la maison (doublage par exemple). Autrefois, le dispositif prenait souvent la forme d’un film polyane ou d’un feutre bitumineux (dit “36 S”). Mais, de part sa position (entre le premier rang de maçonnerie en élévation pour un dallage porté par les fondations), ces techniques ne sont plus que rarement utilisées, car elles représentent un risque de glissement préférentiel entre les maçonneries en élévation et le soubassement. Désormais, il est d’usage de réaliser les barrières de capillarité avec un mortier hydrofuge.
Voir aussi l’article : Comment l’eau peut-elle causer des fissures ?
La superstructure et la conception générale de la maison
Avant une récente mise à jour de la norme NF DTU20.1 (2008), rien n’obligeait le constructeur à mettre en place des chaînages verticaux pour les constructions bâties sur sol argileux. La seule préconisation de chaînages portait sur les maisons avec plancher au niveau supérieur. Il est désormais obligatoire de réaliser des liens en béton armé entre les deux ceintures horizontales haute et basse des maçonneries en élévation, indépendants du nombre de niveaux et du caractère sismique du terrain. Par ailleurs, selon la conception générale de l’ouvrage, des zones de rupture privilégiée sont possibles. Ainsi, les maisons en forme de L ou de V ouvert sont plus vulnérables que les ouvrages de formes compactes et homogènes (maison en forme de carré ou de rectangle par exemple). Les parties étroites de l’ouvrage sont des zones de rupture privilégiée.