
Environnement difficile, erreurs de conception, défauts de mise en oeuvre, méconnaissance des règlements et produits, etc. Plusieurs causes possibles sont à l’origine de la fissuration des maisons. Souvent complexes à comprendre, ces causes ne sont pas toujours visibles à l’oeil nu, si bien qu’il convient régulièrement de faire des sondages dans le sol ou sur le bâti pour valider les hypothèses. Ces causes peuvent aussi s’additionner. Ainsi, une fissure peut s’expliquer par un tassement du sol, lié au retrait gonflement des argiles (RGA). Ce phénomène peut avoir été provoqué, non seulement par un épisode de sécheresse, mais aussi par l’absence de drainage des murs périphériques de la maison, une fuite au niveau d’une canalisation enterrée, ainsi qu’à une végétation abondante et non maîtrisée autour du bâtiment. Dans cet article, nous verrons quel rôle joue la végétation sur les mouvements différentiels du sol et les fissures affectant les constructions.
La végétation et son rôle dans la dessiccation des sols
L’eau est nécessaire à la croissance des arbres et arbustes. Elle est d’abord pompée de la motte de terre contenue dans les racines. Puis, par succion, la végétation entraîne la dessiccation des sols autour de la motte. Il arrive que les racines et les radicelles, c’est à dire les fines ramifications des racines, se développent aussi par hydrotropisme sous la maison, provoquant ainsi des mouvements de sol et des fissures sur les ouvrages.
La croissance des végétaux et son effet sur les mouvements de sol et fissures
L’hydrotropisme est la croissance différentielle d’un organe végétal (racine par exemple) provoquée par une teneur inégale du sol en eau dans des directions diverses. En période sèche, les sols de nature argileuse peuvent être humides sous les constructions. Lorsque les racines se développent sous une construction située dans la Zone d’Influence Géotechnique (ZIG), elles pompent l’eau présente sous la construction. Le sol argileux perd alors de son volume. Sous l’effet des mouvements différentiels du sol et des contraintes, la structure de la maison se fatigue. L’ouvrage peut finir par se fissurer.
L’influence d’un arbre sur une construction
La végétation est un atout paysager dans l’urbanisation des villes. Les arbres sont aussi des ornements indispensables aux maisons. Ils contribuent au bien-être. Mais ils représentent toutefois un danger pour le minéral, c’est à dire les habitations. La Zone d’Influence Géotechnique (ZIG) représente le volume de terrain au sein duquel il y a interaction entre : l’ouvrage ou l’aménagement du terrain (du fait de sa réalisation et de son exploitation) et l’environnement (sols et ouvrages environnants). L’influence d’un arbre isolé sur la construction correspond à une fois sa hauteur à l’âge adulte. Lorsqu’il s’agit de rideaux d’arbres ou d’arbustes, elle équivaut à une fois et demi cette hauteur. Il est à noter que la ZIG est plus étendue en aval d’un arbre sur un terrain en pente.
L’abattage et le dessouchage des arbres dans la ZIG
La racine pivot d’un arbre s’enfonce verticalement dans le sol et permet d’assurer la stabilité de la plante. Elle est aussi capable de dessécher les argiles jusqu’à 5 mètres de profondeur ! Certains arbres sont réputés pour avoir un impact plus important que d’autres, comme par exemple les chênes, les peupliers et les saules. Mais tout arbre, par nature, peut être le déclencheur d’un mouvement différentiel du sol et donc, de la fissuration des ouvrages. Aussi, il convient d’abattre tout arbre, quel que soit son essence, dès lors qu’il se situe dans la ZIG et qu’il a une emprise sur une maison. L’abattage doit être complété par l’enlèvement de la souche de l’arbre afin d’éviter qu’un réseau souterrain, consécutif au pourrissement des racines, ne provoque des venues d’eau. Des gonflements ponctuels étant possibles après l’opération, il convient également de surveiller l’apparition ou l’aggravation de fissures sur les façades des constructions légères (maisons individuelles par exemple).
L’éloignement des haies arbustives des maisons
On sous-estime régulièrement l’influence des haies arbustives. Il s’agit des haies de thuyas, de lauriers, ou encore de leylandii. Il est pourtant d’usage de tenir éloignées ces haies, à une distance d’une fois et demi la taille adulte des arbustes, afin d’éviter les mouvements différentiels du sol. Et cela vaut pour toutes les constructions, y compris les ouvrages annexes, tels que les trottoirs, terrasses et plages de piscines. L’hydrotropisme de la végétation est, ainsi, un facteur important, tant pour la prévention des fissures, que pour la pérennité des travaux visant à éradiquer l’origine de ces dernières. Le contrôle de la végétation est une préconisation de plus en plus fréquente de la part des entreprises agissant sur des travaux de reprise en sous-oeuvre par micropieux ou d’injection de résine expansive, par exemple.
4 Réponses to “Maison fissurée : le danger de la végétation et des arbres”
18 décembre 2015
DaguetBonjour, nous avons fait abattre un chene qui se trouvait très près d’une caselle (construction circulaire entièrement montée de pierres sèches) mais ne savons plus quoi penser ni faire: on nous dit qu’il y a maintenant un risque du au pourrissement des racines: que faire? Dessoucher semble compliqué car des racines sont sous la construction…
Merci pour votre éclairage,
Cordialement,
Gabriel Daguet
7 janvier 2016
CarolineBonjour,
Je suis propriétaire d’un pavillon à Rueil-Malmaison. Nous avons noté une aggravation de fissures traversantes au niveau du vide sanitaire. Les fondations sont peu profondes et il y a la présence d’arbres à proximité. Pensez-vous que les arbres peuvent expliquer les fissures ?
8 janvier 2016
YoannBonjour Caroline,
Comme vous avez du le lire dans l’article, la végétation joue un rôle important sur les mouvements différentiels du sol. Elles peuvent être un facteur aggravant un phénomène de fissures, particulièrement si votre pavillon est construit sur un sol argileux (et on sait que dans les Hauts de Seine, le sol peut contenir de l’argile).
Dans votre cas, votre maison est surélevée par un vide sanitaire. Les mouvements de sols ont toutefois moins de risque d’avoir des répercussions sur sa structure (fissuration) que si le bâtiment était construit sur terre-plein.
12 janvier 2016
GérardBonjour,
Des fissures horizontales se présentent en bas de notre maison.
Je précise qu’un tilleul se trouvant à 2 mètres de la maison a été abattu il y a un mois.
Cela a peut-être aggravé le phénomène de fissuration.
Nous tenons à préciser que nous venons d’emménager il y a 6 mois et que la maison date des années 80. Le bâtiment semble saine intérieurement (pas d’humidité par exemple)
Bref nous souhaitons connaître l’avis d’un expert afin de savoir si nous devons faire des travaux ou non.
Merci d’avance !